Delphine, la guide si enjouée de la mairie, à l’entendre on penserait presque que Willoville est un havre de paix comme n’en ont jamais connu les États-Unis. À la botte du maire, elle voue une ferveur sans limite à la défense de la ville et prêche ainsi la bonne parole à sa façon, en présentant coûte que coûte les aspects positifs de la communauté et occultant le passé sombre de l’îlot et ses fondateurs. Toujours habillée de son uniforme noir impeccable, juchée sur des talons hauts en velours, Delphine passe le plus clair de son temps libre au Chimney sweep's cafe à boire et à fumer ses cigarettes roulées. Fumeuse invétérée, Delphine a une également la main lourde sur sa consommation d’alcool et il n’est pas rare que des visiteurs de la mairie relèvent une forte odeur de Whisky ou de Gin. On ne l’apprécie pas vraiment à Willoville, plutôt d’un tempérament solitaire, évasive et mystérieuse, elle ne s’avance pas sur son passé et ne parle pas de ses secrets, se contentant de noyer ses regrets et remords dans la boisson. Affable, il ne vaut mieux pas lui en parler en dehors de ses visites, elle vous enverrait sur les roses avec panache.

On le dit « fou » le vieux Jack, qu’à cette force de renifler les odeurs des marécages, ça lui aurait fait sauter quelques neurones et qu’il n’y aurait plus que des araignées dans sa caboche grisonnante. Jack vit en ermite, près du marais qui l’a fait vivre pendant si longtemps, pêchant le poisson-chat et buvant du whisky en jouant de la guitare. Bon enfant, il est également celui qui connaît le plus d’histoires sordides sur la petite ville, contes locaux qu’il racontait autrefois aux utilisateurs des bateaux à vapeur… Aujourd’hui encore les jeunes s’aventurent près de la maison de monsieur Jack pour y entendre des légendes fantomatiques et autres affaires sordides qui font l’Histoire de Willoville. Attention cependant, Jack est à la fois susceptible et lunatique, pour ceux qui ne le connaissent pas, il serait bien capable de vous accueillir avec son fusil de chasse tout droit braqué sur vous… Certains disent qu’il a déjà pulvérisé deux genoux, et troué un pied de touristes comme ça.

Un petit bonhomme plutôt renfermé ce père Christophe, si certains lui donneraient le bon Dieu sans confessions, d’autres en revanche ont plus de réserves sur cet éteint personnage. Généreux, à l’écoute et alerte sur les actualités, d'une attitude plutôt tolérante, cette ouverture d’esprit convient aux fidèles les plus accommodants avec leur foi mais déplaît aux fervents protestants de Willoville… Rassurant et inquiétant, un paradoxe qui pousse quelques citoyens à se poser beaucoup de questions sur ce petit pasteur de campagne. Qu’as-t-il bien pu faire de si grave pour atterrir ici, dans cette bourgade perdue où la fréquentation de l’église ne fait que baisser ? Certains enfants rapportent des regards déplacés de la part du curé, d’autres des caresses insistantes durant les heures de catéchisme… D’autres enfin assurent avoir entendu le jeune homme s’infliger des coups de fouet une fois la nuit tombée. Quels péchés un prêtre aurait-il besoin d’expier d’une façon aussi violente ?